lundi 30 novembre 2009

Mon fils, quitte ce pays!

C'est le titre de la lettre ouverte qu'a écrite Pier Luigi Celli, le directeur général de la LUISS (une grande université privée de Rome) et ex-directeur de la RAI (télévision publique italienne) à son fils, parue aujourd'hui dans la Repubblica et qui a déjà suscité 1960 commentaires (beaucoup sont des témoignages type "oui c'est mieux à l'étranger").

A lire en italien ici.

P.L. Celli explique à son fils qui vient de terminer ses études que l'Italie "n’est plus un endroit dans lequel on puisse vivre avec fierté” et lui conseille d'aller là "où la loyauté, le respect, la reconnaissance du mérite et des résultats ont encore de la valeur".

Et ce message paternel se termine par "prépare-toi de toutes façons à souffrir"

Serait-ce du désespoir?

"On aurait voulu que l'Italie soit différente, on n'a pas réussi"
... et ce n'est pas en encourageant la fuite des cerveaux que vous réussirez cher monsieur le directeur d'Université!

Plutôt que d'enjoindre son fils à se battre, il lui conseille publiquement de fuir, à lui et à tous les autres donc.

Faut-il être franchement lâche ou franchement désespéré non?

J'allais clore le message ici, mais un nouveau coup d'oeil au site de la Repubblica et aux 19 nouveaux commentaires postés entre temps m'oblige à remercier "walterstucco" auteur d'un commentaire enfin lucide. Merci Walter. Il écrit:

"J'aurais préféré entendre plus de personnes se plaignant du laxisme chronique des Italiens, plutôt que dire que c'est toujours la faute du système. En Italie tout le monde est victime du système."
Puis en substance: se demande combien de personnes parmi tous les diplômés italiens essaient au moins de maintenir ce que leurs parents ont construit. Constate que l'auteur de la lettre était dans la position de faire changer les choses et que au lieu de ça il se plaint. Et termine:
"Les Italiens aiment pleurer. Mais ils n'aiment pas réparer ce qu'ils ont cassé".

Depuis 5 minutes 15 nouveaux commentaires ont été envoyés, je ne les lis plus sinon je continuerai encore longtemps cette revue de presse.

PS du mardi 1er décembre: la Repubblica a publié aujourd'hui un compte rendu des commentaires, en italien .

3 commentaires:

Camille a dit…

En même temps, peut-être que seule la désertion du pays pas les élites (intellectuelles, économiques, etc) peut faire bouger les choses à ce stade-là non ? Je suis très partagée, ton point de vue est tout à fait intéressant et plus que pertinent mais si quelqu'un de cet âge et après ces expériences fait ce constat, ça ne sort pas de nulle part non plus, si ?

Pauline a dit…

comment la désertion peut faire bouger les choses?
surtout que la désertion n'est pas nouvelle ici et les choses n'ont pas bougé pour autant!

Pauline a dit…

En fait j'ai trop entendu de gens se plaindre, constater que rien ne fonctionnait, mais participer à leur tour au "non-fonctionnement". ex: un prof de droit public l'an dernier nous expliquait désabusé que la méritocratie ne marchait pas en Italie blablabla et arrivait systématiquement avec 1/2h minimum de retard, faisait des pauses d'1/2 heure aussi... plus qu'une heure de cours au lieu de 2 pour l'étudiant de l'université publique. Il est peut-être un peu faible cet exemple mais bon ce sont ces petites choses qui se répètent quotidiennement qui m'énervent.
Enfin pour revenir à l'article, si t'as le temps lis le résumé des différents commentaires c'est bien fait!