Je n'ai jamais mentionné le fait que c'est en Italie que j'ai compris pourquoi le français était souvent considéré comme une belle langue, et c'est grâce à mon exil que je peux à présent apprécier ma langue maternelle. Non pas que l'italien serve de faire valoir, loin de là, mais le fait de parler quotidiennement une langue étrangère m'a permis d'avoir parfois "l'oreille neutre", de comprendre comment les non-francophones entendent et lisent ma langue.
Et ça me plaît assez, plutôt doux, peu accentué mais quand même musical, riche d'une grande variété de sons... je dois bien reconnaître que c'est joli, et même parfois reposant après le théâtralissime italien.
Autre sujet linguistique, la nouveauté du mois de septembre: pendant les visites du palais, il y a souvent des Italiens qui viennent de toute l'Italie et qui parlent avec des accents auxquels je ne suis pas du tout habituée. Par conséquent je leur demande de répéter leurs questions, mais je n'ose quand même pas leur dire qu'ils ont un accent terrible
(avouez que vous pensez "hôpital" et "charité"). Avec ce problème maintes fois évoqué de la maigre présence du second degré, ce genre de blague pourrait créer des incidents diplomatiques.
Quelque chose qui m'étonne beaucoup en ce qui concerne les accents italiens, est qu'ils portent souvent sur les consonnes, pas uniquement sur les voyelles.
En "français français", à part le R qui peut éventuellement être plus ou moins roulé dans certaines régions par les personnes âgées (peut-être les jeunes aussi, mais je n'en ai jamais entendus), ou légèrement plus guttural vers le Nord-Est, ou un peu "négligé" vers Paris (le fameux R négligé, celui du désinvolte "carrément"), les accents français de France font plutôt varier la prononciation des voyelles ("o" et "é" plus ou moins ouverts par exemple), et l'intonation générale de la phrase, mais rarement les consonnes, non? dites moi si je me trompe, j'attends vos contre-exemples!
En italien en revanche, ça chuinte vers Bologne et dans les Marches, les "bolognesi" sont presque "bologneJi", le "s" devient "ch", (vers Naples aussi me semble-t-il...); le "r" habituellement roulé devient plus guttural dans le Piémont, comme en France (la "r" moscia); en Sicile, il y aurait une tendance à redoubler systématiquement les consonnes; le "c" de "casa" ressemble à un "h" aspiré en Toscane (c'est le plus bizarre de tous celui-là.. vado a hhhhhasa ) etc...
A Rome on prononce bien les lettres, mais on amoche les mots!
L'italien "parfait" serait celui parlé par les Toscans (pour la justesse grammaticale etc...) prononcé par un Romain. D'où le dicton:
Lingua toscana in bocca romana. Mais bon c'est un peu un vieux mythe apparemment.
(voir: http://grandtour.bncf.firenze.sbn.it:9080/nazionale/racconto/grand-tour-e-la-toscana/gli-itinerari-tematici/la-via-della-lingua-firenze-e-siena et voir également le message du 20 septembre qui relate une enquête de la Repubblica sur les dialectes en Italie.)Je clos en vous faisant part de ma grande tristesse: "n'importe quoi" me manque terriblement, il est intraduisible.