samedi 29 novembre 2008

L'università è un casino - Le bordel universitaire

(le mot du jour est dans le titre)

Mon analyse anthropologique des Italiens continue. Voici quelques petits constats.

Je n'ai que des cours d'amphi ici, avec en moyenne 150-200 étudiants chaque fois. Grande différence avec la France: ici les étudiants interviennent pendant les cours. C'est possible, c'est même recommandé. Alors au début je trouvais ça bien, ils n'ont pas honte de poser des questions, ça crée de "l'interactivité", c'est plus chaleureux qu'en France. Sauf qu'ils n'ont pas honte aussi de raconter leur vie, de témoigner, de prendre la parole pour dire des banalités, lancer des thèmes complètement hors-sujet. Et je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai vraiment pas l'impression que ceux qui prennent la parole soient les plus brillants. Cela se vérifie particulièrement en anthropologie où tout le monde tient à raconter son expérience personnelle, à témoigner, on se croirait chez Mireille Dumas. "Moi je suis gay, et quand je vais dans des bars gay j'ai l'impression que blablablabla"; ou mieux, les fameuses questions dont l'étudiant connaît déjà la réponse mais qu'il pose pour montrer que vraiment lui il réfléchit, il s'interroge, il est trop malin. On a eu droit, entre autres, à: "mais ne peut-on pas dire aussi que les insultes faites envers les personnes obèses ou les handicapés par exemple sont une forme de racisme??". Sans blague. C'est insupportable. Je déteste ce droit de parole à tous les débiles. Je suis facho. Voilà. Laissons parler les professeurs.
Mais mon étonnement face à l'université italienne ne s'arrête pas là. Pendant les cours, pas tous heureusement, mais beaucoup, les étudiants vont et viennent en permanence. Ça aussi c'est insupportable. Même les profs qui sont charismatiques et tout, qui pourraient se faire respecter en somme, ne disent rien. Je ne comprends pas comment ils font pour ne pas être déconcentrés!
Et puis tous les étudiants répondent au téléphone, pour dire "je ne peux pas te parler, je suis en cours", ou sinon, ils traversent tout l'amphi en courant et sortent en claquant la porte pour prendre l'appel.
J'ai vu une fille qui se mettait du vernis à ongle aussi. Noir, en plus.
Une amie m'a dit qu'elle avait lu sur un rapport d'un ex-erasmus danois qui était parti en Italie, que selon lui les Italiens considèrent les amphithéâtres de l'université comme des "forums sociaux"!! c'est tout à fait ça!!
Et pour l'anecdote, il y a un prof (de théâtre antique) qui fume le cigare pendant qu'il fait cours.

J'avais d'autres constats à vous faire partager, mais j'ai tout oublié.

lundi 24 novembre 2008

Il ridere - Qu'est-ce que l'humour italien????

J'ai vécu une expérience très étrange: je suis allée au cinéma.
Comme ça, par hasard, je suis allée voir Rachel getting married, un film américain doublé en italien bien entendu (Rachel sta per sposarsi), car ici la VO c'est vraiment pas leur truc.
Mais ce n'est pas ça le plus bizarre.
Le film, bien qu'étant assez dramatique, était plein de sous-entendus drôles, de situations amusantes. D'humour quoi. Et ben PERSONNE NE RIAIT à part mes amies espagnole/allemande et moi-même. Mais personne, personne, pas l'ombre d'un sourire, pas un sursaut, rien. Aucune réaction. Ne comprennent-ils vraiment rien ou sont-ils seulement déprimés par la crise et la pluie (qui à Rome est un réel problème vu que 3 gouttes se transforment très vite en torrents sauvages et en mers intérieures en raison de leurs égouts peu performants)??
J'ajoute à ce stade un pathétique "je rigole"(sto scherzando) au cas où un Italien me lisait, pour signaler que je viens de faire de l'humour.
J'espère au moins que l'humour italien ce n'est pas "l'humour de Berlusconi" qui a sorti récemment: "Obama? beau, jeune, bronzé"...
En tout cas: quelle déception.
Si quelqu'un peut m'éclairer... y-a-t-il une raison historique à cela? est-ce une particularité romaine? les Italiens rigolent-ils face aux Monthy Python? est-ce curable?

Abandonnons ce sujet qui m'attriste.

J'ai constaté que je n'avais pas réussi à instaurer d'interactivité sur ces pages, car personne n'a participé au grand jeu délirant de la traduction. Peut-être avez-vous essayé mais vous êtes-vous heurtés à vos piètres qualités de linguistes. Ou peut-être n'avez vous pas osé laisser de commentaires, on sait jamais, on pourrait vous reconnaître. Peut-être aussi que la réponse semblait trop évidente.
Bon alors, pour ceux que ça intéresse, en Italie, le coiffeur te fait une coiffure. Comprend qui peut. Et personne ne sera coiffé par mes soins.

vendredi 21 novembre 2008

Le cose da fare a Roma secondo me - Bons plans I

Voici, pour ceux qui viendront à Rome un jour ou l'autre, une petite liste des choses à faire selon moi.
J'aurais aimé faire un encart un peu interactif moderne avec des liens et tout, mais décidément je ne sais pas comment on fait, alors bon, je m'en tiendrai à la traditionnelle forme du message.

1° Les vernissages
Pour boire et manger à l'oeil dans des palais, des galeries, ou même dans la rue, près d'une fontaine, sur une place, devant une église. Vous l'aurez compris, les expos ne sont qu'un prétexte. On s'en fout de l'art. Et tant qu'à être honnête, mes critères de sélection sont le lieu et le traiteur. Par exemple Colasanti Catering Banqueting n'est vraiment pas mal du tout, avant-hier j'ai pu manger grâce à eux une sorte de mousse au chou-fleur délicatement posée sur des crevettes, et joliment décorée par des œufs de poisson; j'ai goûté du fromage italien trempé dans du chocolat -c'était pas génial, mais terriblement "nouvelle cuisine"- toutes sortes de petits feuilletés et tartelettes, et vins rouges, blancs etc. En présence d'acteurs beaux (je n'ai su qu'après qu'en plus d'être beaux ils étaient acteurs). Mais surtout: dans la somptueuse cour du somptueux Palazzo Taverna derrière la place Navone, dont voici la description en italien car c'est plus pittoresque "Antica dimora degli Orsini e dei Borgia è situata nel cuore di Roma tra Piazza Navona e Castel Sant’Angelo. Fu eretta nel secolo tredicesimo e citata da Dante nella Divina Commedia."
J'ai fait pareil au Palazzo Venezia tout en admirant le chevet de l'église du Gesù, les chevaux qui trônent sur le Vittoriano et la fontaine baroque de la cour; à la villa Médicis où il n'y avait certes rien à manger ni à boire -normal on était chez les Français- mais pour compenser on pouvait jouir de la vue sur tout Rome depuis les jardins illuminés aux chandelles pour l'occasion.
Toutes les inaugurations sont recensées sur ce site: http://www.exibart.com/
On y entre donc gratuitement et sans invitation et il y en a tous les soirs.
Quelques images...

Dans le cortile du Palazzo Venezia

La fontaine de la cour du P. Venezia

Idem

Dans la villa Medici


2° Gli aperitivi - les "apéritifs"
Il s'agit d'un concept facile et fort plaisant: quelques soirs par semaine, on trouve un buffet dans les bars auquel on a accès à volonté une fois que l'on a pris à boire. Et il y a vraiment à manger, pas seulement à grignoter!! pâtes chaudes, froides, salades, sandwichs, risotto, fruits etc...
J'en connais bien 2: celui du Freni e frizioni (http://www.freniefrizioni.com/), sur une petite place du Trastevere, sur le bord du Tibre. (Je viens d'ailleurs de lire qu'il avait élu par le Corriere della Sera l'un des 10 meilleurs bars du monde!! c'est peut-être un peu exagéré tout de même, y'a déjà tous les PMU de France avant).
Et celui du Primo Caffè, vers Campo de' Fiori. Le buffet est bien, mais le lieu est moins joli, cependant il y a de charmants cocktails.
Mon foie et moi-même nous engageons à trouver d'autres aperitivi.

3° Il caffè
Ce n'est certes pas une découverte, mais ici on boit beaucoup de café et c'est très bon.
Cependant on fait aussi beaucoup la sieste, il doit y avoir une immunité générale à la caféine dans ce pays.

Petit récapitulatif illustré:

-le café "normal", l'espresso, soit 1 microlitre de pétrole épais et surpuissant. Puisque sur ces pages l'argent n'est pas tabou, voici le prix moyen de ce petit plaisir italien: 70 centesimi. En tout cas rarement plus d' 1€ sinon c'est louche. On peut le demander "al vetro", dans un verre en verre, pour qu'il refroidisse plus vite -c'est l'explication que m'a donnée un barman. Ou juste pour faire snob, car on est d'accord: 1 microlitre ça refroidit toujours vite.

-le macchiato (tâché): le précédent avec un peu de lait mousseux. Pour le même prix, avec un cœur en plus.

-l'éternel cappuccino, rajouter 20 centimes.

-le caffè-latte: avec beaucoup de lait.

-la caffè affogato (noyé): avec une boule de glace à la vanille.

-le caffè corretto (corrigé): avec de la liqueur (grappa...)


La suite dans un prochain épisode ("où sortir"... "les marchés aux puces"... peut-être même "où étudier" si j'ai le temps de tester d'ici là).


Mais je ne peux vous quitter sans vous révéler le fameux mot du jour....
En Italie, le parrucchiere [parroukkiéré] te fait un'acconciatura [akontchatoura].
Et voici l'occasion parfaite pour lancer le grand jeu délirant de la traduction: Qui saura trouver la signication de ces 2 mots???
En cadeau je ferai au vainqueur une acconciatura personnalisée.

Ciao!

lundi 17 novembre 2008

Rectificatif

J'ai appris aujourd'hui qu'il était normal que les professeurs arrivent en retard, c'est le "quart d'heure académique".
Ça a du sens pour un cours qui en suit un autre, afin de faire une pause, mais quand c'est le premier de la journée???
Donc bon, finalement les profs n'ont plus que 15 minutes de retard en moyenne et non pas 30.

Par ailleurs, on m'a fait remarquer que je n'avais pas fourni de "mot du jour" hier...
Alors voici mieux, voici l'expression du jour: "prendere una cotta", littéralement "prendre une cuite", sauf qu'ici ça veut dire tomber fou amoureux, avoir un coup de foudre (un colpo di fulmine).
Voilà!

dimanche 16 novembre 2008

Reprise des activités

Je me décide enfin à écrire quelque chose, à briser le silence qui régnait par ici depuis plus d'un mois.
Que raconter, par où commencer? car en un mois il s'en est passé des choses.

Débutons par un état des lieux de l'université italienne qui est en lutte, comme en France les années précédentes. Les grèves s'enchaînent, soit de la fac, soit des transports en commun, ce qui réduit nettement le nombre des jours où je vais en cours. Et quand finalement j'y vais, les profs arrivent SYSTÉMATIQUEMENT en retard de minimum 15 minutes, commencent 10 minutes plus tard en moyenne, et nous lâchent en avance. J'en reviens toujours pas. Ca devient ridicule quand ils conseillent à leurs étudiants de lutter pour empêcher les tailles budgétaires prévues par le gouvernement, de lutter pour avoir une université de meilleure qualité... mais ils ne dispensent que 60% des cours prévus, tranquillement... Bref, ça m'est égal, je dors plus et je travaille moins. J'adopte la dolce vita.

Cependant, aller à la fac me ravit toujours car ça signifie aussi que je vais déjeuner à la mensa (resto U), dont je fournis ici quelques photos qui vont vous faire rêver.


J'ai profité de ma relative inactivité estudiantine pour faire un voyage à Naples avec quelques amis (Monica et 5 ragazzi pour nous protéger). J'ai été émerveillée par la ville, le site naturel, Pompéi... et je pense y retourner bientôt car 3 jours n'ont pas suffi pour voir tout ce que je voulais.
L'ambiance est très différente de celle de Rome, ça pourrait vraiment être un autre pays. Et heureusement que j'étais déjà habituée au mode de vie romain en arrivant à Naples, car y débarquer depuis la France directement doit être assez bizarre quand même.
Les gens vont à 3 ou 4 (si si: papa, maman et les bambins) sur le même scooter sans casque, passent devant les flics sans problème. Grillent les feux rouges (pour survivre: ne pas suivre les indications des feux de circulation)...
Avant de partir on avait entendu des trucs aussi ridicules que "NE JAMAIS REGARDER UN NAPOLITAIN DANS LES YEUX". Mais comme à Rome, les gens sont sympas (les gens de la rue qui n'ont rien à te vendre, on s'entend...). J'ai engagé la conversation avec plusieurs personnes, toujours très gentilles, curieuses de savoir d'où on venait ce qu'on faisait etc... Et qui nous ont confié à plusieurs reprises leur vision très pessimiste de l'Italie (c'est vrai ça, les Italiens sont assez démoralisés, les jeunes comme les vieux).
En revanche, on s'est systématiquement fait avoir dans les cafés, mais ça fait partie du jeu. Il paraît que même les Italiens se font entuber à Naples. Sans rancune donc.
Et à mon retour de Naples, en arrivant dans la gare de Rome, j'ai vraiment eu la sensation de retourner "à la maison"...

La baie de Naples avec le Vésuve depuis la terrasse du Castel Nuovo


Louise Bourgeois au musée Capodimonte de Naples

Pompéi, le Vésuve en fond


Je vous renvoie sur cette adresse pour voir plus de photos (Naples, Pompéi etc...): http://picasaweb.google.fr/paulinecellard

Je dois vous annoncer que j'entre dans ma période de tourisme assidu... et oui, maintenant que les touristes se font moins nombreux, à moi les musées du Vatican, la galerie Borghèse, le Capitole etc... Jusqu'à présent j'allais dans les expos, où il n'y a presque jamais personne, et j'en ai vu de très belles: une sur Giovanni Bellini, une sur le designer milanais Bruno Munari (génialissime, pourquoi je ne le connaissais pas avant?) en plus l'expo se tient dans le magnifique bâtiment de Richard Meier conçu pour abriter l'Ara Pacis, la seule archi contemporaine à Rome (interview de Meier, rapide et intéressante ici: http://www.arapacis.it/servizi/multimedia/video_intervista_a_richard_meier_progettista_del_nuovo_museo_dell_ara_pacis; ) une sur Picasso et son travail à partir de son voyage à Rome, et plusieurs autres dans des galeries privées. J'avais peur qu'il y ait peu d'activité dans les musées romains, je me suis trompée.

J'ai découvert aussi l'existence de "centre sociaux": plus ou moins des squats, auto-gérés donc, dans lesquels sont organisés des expos, des concerts, et qui se transforment en boîte. J'en connais un en plein centre (le Rialto), immense, avec un jardin.... un lieu incroyable, sans équivalent à Paris je pense, du moins dans l'hyper-centre.

Je clos le message, sans transition aucune, en promettant d'écrire plus régulièrement!
Envoyez-moi de vos nouvelles (par mail si vous n'osez pas déposer de commentaires!!) car je ne vous oublie pas et veux savoir ce que vous faites et comment vous allez!!
BISES